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L'habit ne fait pas le moine

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L'habit ne fait pas le moine Empty L'habit ne fait pas le moine

Message par Margarethe d'Alun Dim 16 Juil - 15:10

Bg d'un autre personnage:


Le sol est jonché d’éclats d’assiettes et de chopes en terre cuite, collant de ragoût et de miettes de pain mélangés à un liquide sombre, épais, dont le fumet âcre de mauvais vin prend à la gorge.

Dans un coin une femme gît sur le dos, ses cheveux bruns étalés autour d’un visage encore jeune mais marqué et bleui de coups, les yeux fermés, tuméfiés, la bouche entrouverte, d’où dégouline un filet de bave, ou d’autre chose. Rien dans son attitude ne permet de penser qu’elle soit vivante, sinon une minuscule bulle qui prend forme et disparaît au coin de sa bouche toutes les minutes. Sa chemise est ouverte, ou plutôt déchirée, et ses seins, lourds d’avoir été trop pressés, s’étalent et débordent du lin bleu clair. Sa jupe est soulevée, ramenée sur la taille, dévoilant deux jambes écartées sur une chair meurtrie, humide et collante. 

Dans l’autre coin, une table, ou en tout cas un meuble aux pieds suffisamment hauts pour pouvoir y glisser un corps de petite taille. Sous cette table, trois enfants, très jeunes et tous terrorisés, et une jeune fille d’à peine 13 ou 14 ans pelotonnée contre le mur, qui les enveloppe de ses bras maigrelets. Ses yeux gris écarquillés, encore teintés d’un peu d’enfance, tranchent sur son visage durci par une fureur et un désir de vengeance peu communs.

Sa bouche est fermée sur un cri qui ne veut pas, qui ne doit pas sortir, ses deux bras maigrichons enserrent les trois bambins, recroquevillés au creux d’un corps agile et nerveux qui compte bien faire barrage. Deux jambes larges, enveloppées d’un pantalon grossier de toile de coton sale, approchent lourdement de la table, titubant, glissant, se rattrapant, tandis qu’une grosse voix d’homme, rocailleuse et pâteuse, jure en marmonnant. « Lisbeth !!! Sp’èce de traînée !!! sors de d’là tout’d’suite et viens r’mettre d’l’ordre là d’dans!!! ».

Une des deux bottes de vieux cuir sale pousse violemment un éclat d’assiette vers le mur où se terrent Elisabeth, une fille obtenue en échange de services rendus aux naufrageurs du Sud de Tanaris, et les trois jeunes enfants du couple. Le morceau de terre cuite vient frapper le devant du mollet gauche de la jeune fille et y trace une longue estafilade de sang avant de ricocher sur le sol.

La lourde table de bois se met à trembler sous la force des bras de l’homme qui maintenant hurle de rage. Les deux yeux gris s’écarquillent un peu plus en regardant le corps de la femme qui n’a toujours pas bougé. Les bras serrent un peu plus les enfants de l’homme et le visage de la jeune fille s’enfouit au creux des cous tremblants de peur des enfants qui pleurent en silence.

Tout d’un coup, dans un éclat de lumière qui vient fouetter le visage de la jeune fille, la pièce s’emplit d’un râle victorieux."Rhaaaaaa !!!!!.”
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L'habit ne fait pas le moine Empty Re: L'habit ne fait pas le moine

Message par Margarethe d'Alun Lun 17 Juil - 15:59


Deux adolescents courent sur la plage, prenant garde aux tortues qui vont et viennent entre l’eau et le sable, inlassablement.

Une fille, une rousse au teint pâle venue d’ailleurs, déambule sans joie tandis qu’un garçon d’environ treize ou quatorze ans, au visage hâlé mangé par des cheveux noirs un peu longs et retenus par une corde de cuir, fouette l’eau de ses pieds et l’observe.

Elle est triste, il n’aime pas ça, et il cherche à la dérider.
« T’es même pas cap’ de sauter par dessus la tortue qui est là bas ! »

Elisabeth regarde la tortue, s’anime puis éclate de rire, ses longs cheveux flamboyants retenus en tresse caressent ses épaules. Tout à coup pleine de vie elle attrape le garçon et le tire vers l’eau jusqu’à ce qu’il tombe. Elle s’assoit sur lui, enserrant sa taille de ses cuisses, et pousse sa tête hilare dans l’eau. 
« Pas cap’ toi même ! Et tu paries quoi ?».

Le garçon se débat, ravi, gigote tel un ver sous la fille.
”Sûr que j’suis cap’ ! Et j’te parie … un coin comme t’en as jamais vu ! Une grotte secrète ! magique même !!!”.

Il essaye vaguement de la faire lâcher prise en lui chatouillant les côtes.
“Allez ... Elisabeth ! Lâche moi ! ».

La fille resserre son étreinte des cuisses, fronçant les sourcils, le visage dur, elle lui prend la tête dans les mains et le serre.
"Ne m’appelles plus comme ça, Jamel.  Je te l’ai déjà dit, ce n’est pas moi. Je ne veux plus que cela soit moi.  C’est… “.

Elle réprime un haut le coeur qui pourrait déborder en larmes.
“C’est une autre, qui est morte dans un campement au sud d’ici, et je ne veux plus en entendre parler». 

Elle parle lentement, ses mots et son accent ne sont pas ceux d’ici et ajoutent à son charme malgré la rudesse du ton.
“Si tu n’es pas capable de comprendre ça, pour moi tu seras comme les autres et je ne viendrais plus te voir”.

Le garçon a perdu son sourire, ses yeux, d’un marron presque noir, sondent les yeux gris de la fille dont il rêve parfois la nuit. Tout mais pas ça, pas la perdre, pas elle, il déglutit, hoche la tête, il est désemparé, il se sent bête, que c’est compliqué les filles, il ne gigote plus, ne pense plus, il a juste envie de la voir sourire de nouveau.

Dans un soupir elle se relève brusquement, lâche dans l’eau la tête du garçon qui se sent tout à coup étrangement vide et seul, puis elle reprend sa marche, nostalgique. Le soleil est haut dans le ciel, il fait chaud, il doit être près de midi, elle doit rentrer si elle ne veut pas encore s’en prendre plein la tête et le reste.

Elle se retourne en soupirant, son regard file sur l’horizon et suit les bateaux qui glissent derrière le cap au sud, vers le large à l’Est. Un jour elle va partir, elle le sait, elle doit juste trouver la force.

Le garçon s’est relevé et son visage maintenant fermé trahit son inquiétude.
"Lysb.… Lyly… Dis... t’es fâchée, tu m’en veux ?…"

La jeune fille se tourne vers lui, l’observe un instant, elle ne lui en veut pas, qu’est ce qu’il y peut, lui, à tout ça. Rien. C’est même une chance de l’avoir rencontré.

Elle hausse les épaules, un sourire triste vient éclairer un bref instant son visage étonnamment clair dans cette région, son ton s’est radouci.
“Non, laisse, ce n’est pas grave, mais il faut que j’y aille, sinon il va s’en prendre à Khalima et aux enfants, et ce sera bien pire. ».

Le garçon se retient de râler, elle lui parle à nouveau et elle a vaguement souri, il ne va pas encore la ramener. Mais tout de même. Pourquoi devrait-elle se préoccuper de ces gens qui la maltraitent, c’est profondément injuste et cela lui donne la rage, mais qu’en faire, sinon la ravaler.

Elle l’observe encore un peu, l’air de le jauger, puis elle fait mine de prendre le départ, prête à courir. Mais au moment de se mettre en marche, elle se tourne vers le garçon.
“Au fait…tu sais, cette fameuse grotte. Et bien tu vas devoir me la montrer ! Parce que… ».

Sans attendre de question ou de commentaire, elle se met alors à courir, vive et décidée, puis saute souplement par dessus la tortue sans freiner sa course. Le garçon entend un éclat de rire presque enfantin tandis que la silhouette de son amie court vers le village. Son visage s’illumine, il a réussi à la faire rire, et cela le rend parfaitement heureux.

C’est simple, le désir, quand il est encore nimbé d’enfance.

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